Lysistrata à Anzin |
Lysistrata d'Aristophane
Mise en scène : Laurent Larretgère
The "Lysistrata Project"
Tout commença en septembre 2007
Les deux petites nouvelles :
Nathalie
Sandrine
Il faut donc trouver une idée de pièce pour 4 garçons et 6 filles. Pas facile…
Le théâtre dit « classique » propose beaucoup de rôles mais peu de rôles féminins. La parité est plus forte dans le théâtre contemporain (quoi que…) mais les plateaux sont plus réduits. Rares sont les pièces proposant une dizaine de rôles pour des raisons de coûts.
Autres difficultés, nous souhaitons travailler et proposer une pièce que nous aimons. Dans notre troupe, pas de metteur en scène démiurge qui impose un projet. On lit des pièces et on essaie d’avoir un consensus. Pas toujours facile quand les goûts sont divergents...
La pièce policière Dix Petits nègres s’est transformée peu à peu en comédie ; au début, involontairement sans doute, mais ayant vu le potentiel comique à la fois de la troupe mais aussi des personnages imaginés par Agatha Christie, forts caricaturaux, il faut bien le reconnaître, l’aspect parodique a été accentué. Et globalement, la troupe semble plus portée sur la comédie. Si Sylvain et moi apprécions les pièces plus dramatiques (nous avons aimé jouer dans Hamlet, dans Morts sans sépultures ou Huis clos), nous sommes un peu les seuls à vouloir travailler cette veine.Résumons : il faut trouver une pièce d’au moins 10 personnes, majoritairement des filles, plutôt une comédie.
Et donc, en septembre et en octobre, nous avons cherché la perle rare. Sans réel succès il faut bien l'avouer. Les lectures se succèdent sans que nous trouvions chaussure à notre pied. J’ai ensuite proposé une pièce que j’avais lue il y a bien longtemps (survolée serait d'ailleurs plus exact) dont le thème me plaisait bien. Les femmes d’Athènes organisent une grève du sexe et s’enferment dans l’Acropole pour mettre fin au conflit qui oppose la cité d'Athènes à la cité de Sparte. Et la pièce propose une multitude de rôles féminins. Je lis la pièce, Lysistrata d'Aristophane et je me rends compte qu’elle nécessite de sérieuses modifications. Je réussis à la « vendre » à la troupe (sans lecture...) et je m’attelle à l’adaptation. Je coupe, je taille, je mélange plusieurs traductions, pour obtenir une pièce que je peux faire lire à la troupe qui, disons-le, ne saute pas d’enthousiasme la première fois. Ce sont les lectures suivantes qui, en déclenchant de bons fous rires en raison de la crudité du texte, qui emporte finalement la décision. Sans compter que nous n'avons plus trop de temps. Je précise mes intentions de mise en scène et on démarre le projet.
Décors et costumes
Pendant que nous commençons les répétitions, je commence à chercher des plans pour les costumes (chitons et autres péplos) et Sylvain se charge du décor. Je lui donne la vague idée que j’ai et à partir de ça, il va travailler l’idée avec un peintre d’Anzin, Philippe Boudier, qui va nous faire une splendide toile peinte de l’Acropole. Sylvain se chargera des portes, les Propylées. Une idée à laquelle je tiens, ce sont des chaises d’arbitre de tennis. En effet, j’envisage la pièce comme une sorte de match entre hommes et femmes arbitré par les chœurs, le chœur des hommes et le chœur des femmes. Sylvain, débrouillard, réussira à me trouver ces accessoires.
Le travail de Philippe : impressionant !
Après un petit tour à Lille, je reviens avec des brassées de tissus qui serviront pour les robes et les manteaux. Tout le monde se transforme en couturier(e) à partir des plans que je propose...
DISTRIBUTION
Valérie Mercier est Calonice
Céline Taffanel est Myrrhine
Nathalie Sinn est Lampito la Spartiate (mais jouera aussi une Athénienne)
Carole Mielcarek et Nadine Deblock sont le choeur des femmes
René Eloy est le proboulos, membre du Conseil d'Athènes
Jean-Maxence Dupré est Niquelas (mais aussi un garde)
Sylvain Courtillat est le choeur des hommes
Laurent Larretgère est accessoirement l'ambassadeur de Sparte, un garde (et metteur en scène)
RÉPÉTITIONS
Les choses avancent. Les séances s’enchaînent. Nous avançons bien jusqu’en décembre mais après… La reprise de Dix petits nègres pour une représentation scolaire, en janvier, au collège des Louez-Dieu, plus de nombreuses absences qui paralysent les répétitions et enfin les vacances scolaires font que de janvier à mars, le travail stagne pas mal.Autre aléa, la pièce et l’affiche ne semblent pas plaire à tout le monde… Le directeur de la salle où nous devions jouer choisit de refuser de nous la louer. Ne revenons pas sur ces épisodes légèrement pénibles. Une petite controverse relayée par la presse nous oppose à cette personne (si ça intéresse quelqu’un, voir les articles ci-dessous qui donnent les deux opinions). Nous jouerons quand même, retrouvant notre salle des Viviers habituelle.
L'affiche du scandale
L'Avenir de l'Artois - avril 2008
La Voix du Nord - avril 2008
Nonobstant, les répétitions continuent
La polémique motive sans doute et nous reprenons les répétitions avec sérieux et efficacité. le décor se met en place, la peinture se finit, le texte rentre, et arrive à sortir parfois difficilement (Notre bon René mettra de très nombreuses séances pour finir par crier : "salopes" ! Mais c'est dans le texte...). Quelques photos pour illustrer ce travail de fourmi qui permet l'aboutissement du projet. Bien sûr, les répétitions se font sans décor, les éléments sur scène permettant juste de délimiter les espaces de jeu.
La représentation du 07 mai 2008
Il faut préparer la salle, lutter contre le trac, faire les derniers filages, penser au pot, au repas, aux accessoires, finir de monter les décors, installer les lumières, caler le son, mettre en place les chaises... Le jour et, le matin et l'après-midi qui précèdent le spectacle se vivent à un rythme trépidant.
Et le succès est au rendez-vous ; près de 200 personnes viennent nous applaudir chaleureusement, ce qui récompense toute la troupe de ses efforts et rassure ceux qui avaient légitimement des doutes. Pas évident de jouer une pièce d’Aristophane qui reste visiblement bien piquante malgré les siècles.
Nos petits caissiers ; dans l'ordre, de gauche à droite : Ludovic, Juliette, Emma et Coraline
Notre public fidèle
Nos habiles techniciens, Virginie à la lumière et Daniel Riez au son
Et c'est parti ! Ah non, pas encore ! Un dernier tour aux toilettes...
Quelques photos de la représentation...
Et à la fin, les applaudissements !
Après l'effort, le réconfort autour d'un verre et en compagnie du public. Et comme la pièce est leste dans sa forme (bien que profonde par son thème), les acteurs se lâchent un peu...
Le lendemain, malgré la gueule de bois de certains, il faut démonter et ranger le décor. En observant les photos, vous pourrez déduire facilement qui a gagné la guerre des sexes la veille...
Laurent Larretgère